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Plus tard | Fabienne Grünfeld Clairambault
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Plus tard

Plus tard ….

J’ai dit :  “Plus tard, lorsque nous habiterons ensemble…” Il a levé les yeux, légèrement froncé les sourcils. Il n’a rien répondu, il est devenu silencieux. J’ai senti le froid m’envahir. Retirer ça, cette chape de plomb tout à coup sur mes épaules. Il a levé les yeux, sévère ou implorant, je ne sais pas. Un loup solitaire, il trottine seul dans la neige des steppes, pas de compagnonnage possible avec lui, il l’a assez dit. Il ne le répétera pas, il ne l’a pas répété, son corps est devenu dur, je le sais. Il a retiré sa main de la mienne. Parole interdite, image taboue. J’ai brisé l’icône dans son cadre d’argent ciselé, il n’y a pas de réparation possible. L’amertume du café m’est remontée aux lèvres, j’ai caressé le bois si doux de la table, je n’ai pas cherché à reprendre ses doigts, ses longs doigts de pianiste, sa main d’homme dont je ne peux  perdre la caresse. J’aurais dû crier, couvrir le silence de mes promesses : je n’attenterai pas à ta solitude, je ne t’enchaînerai pas, mais je n’ai pas pu. Ça n’aurait servi à rien. Je suis partie dans la nuit, sous la pluie, et ce froid-là semblait doux. J’ai tout détruit, j’ai brisé l’harmonie, j’ai piétiné grossièrement les pousses qu’un maigre soleil de printemps avait fait éclore.

Vivre sans lui, impossible, impossible. Le soleil ne se lèverait plus, ni la lune, ni les étoiles scintillantes dans la nuit d’hiver. Il ne faut pas imaginer l’avenir, il faut juste boire  le délice de chaque minute passée avec lui, s’enivrer du son de sa voix, de la douceur de son sourire, contempler le fin lacis de ses rides, indéfiniment … Mais voilà, j’ai fait surgir de l’ombre un intérieur douillet, un foyer paisible, l’image pour lui menaçante d’une famille, d’un “habiter ensemble” que tout son être rejette. Et punie, punie je serai pour cette folie. Il a retiré sa main, un froid glacial est tombé sur mes épaules, aucun soleil ne saura plus me réchauffer. Je suis froide comme une morte.

F. Clairambault

fabienne:

View Comments (1)

  • Quelle sensibilité et quelle justesse en même temps avec quelques mots on a tout compris. Bravo, j'aime beaucoup.