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Petites Pâques | Fabienne Grünfeld Clairambault
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Petites Pâques

J’ai une fois de plus rêvé de maman. Elle était avec moi dans une cuisine inconnue et cependant mienne,  elle s’occupait d’un de mes enfants, sans doute Mathilde, assis dans une chaise haute. Je la serrais dans mes bras, sentant sous mes mains son corps osseux de vieille femme, et je lui disais, follement heureuse : « Tu es revenue d’entre les morts, maman, ainsi, tu es revenue ! Tu gisais dans ton cercueil, je t’avais bien vue, et tu es revenue ! Quelle merveille, merci, merci ! »

Christ lag in Todes Banden (Christ gisait dans les liens de la mort) , Bach (1685-1750), cantate BWV4

Comme il est fort, le mythe de la Résurrection, comme il est puissant et nous transporte ! Et elle riait, elle aussi, elle riait comme elle le faisait de temps en temps, jeune, joyeuse, aimant la vie… Avant le départ sans retour pour une triste banlieue, pour un domicile sans âme, à l’horizon barré par une tour tout aussi grise que celle qui l’abriterait désormais.

Et voici qu’éveillée je ne puis m’empêcher de penser qu’elle est vraiment présente à mes côtés, précieux ange gardien qui veille sur moi. Elle m’encourage, guide mes pas sur les sentiers escarpés, me retient par le coude quand je flanche.

Man singet mit Freuden vom Sieg ( On chante la victoire sur la mort avec joie), Bach, cantate BWV 149

Man singet mit Freuden vom Sieg ( On chante la victoire sur la mort avec joie), Dietrich Buxtehude (1637-1707), cantate BuxWV A2

Et je rêve qu’elle sera là aussi, au bout du chemin, tranquille, souriante. Ondulant doucement au rythme d’une céleste musique.

Alleluja! Lobe den Herrn  (Louez le Seigneur), Heinrich Schütz (1585-1672), cantate  SWV 38

Tel le Seigneur des Cantates accueillant les défunts.

4 avril 2o15

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