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Le Nom des gens, de Michel Leclerc | Fabienne Grünfeld Clairambault
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Le Nom des gens, de Michel Leclerc

Elle secoue comme un bon gros chien sa tête bouclée. Elle est fidèle à ce qu’elle aime, elle est innocente et maladroite comme un bon gros chien qui vous accueille toujours avec la même joie.
Elle, c’est Bahia (Sara Forestier, enthousiasmante), pas du tout Brésilienne, à moitié Algérienne, dotée d’un père serviable à l’extrême et d’une mère post-soixante-huitarde explosive et surdouée du coeur.
Bahia convertit tous les “fachos” aux idéaux de gauche. Comme elle dit :”Les mecs de droite, je les nique, pas métaphoriquement”. Le responsable de la jeunesse UMP du Pas-de-Calais, elle en fait un éleveur de moutons dans le Périgord. D’un champion de quad (“c’est facho le quad, hyper-facho!”) un moniteur de capoiera. Pour un “mec du FN”, il faut compter dix jours de traitement. Pour un bayrouiste, “en une après-midi, c’est plié”.
Lui, il est jospiniste : comme dit Jospin, un jospiniste aujourd’hui, ça ne se rate pas, il faut lui rendre visite. Comme il est sympa, Jospin, tellement drôle, libéré, naturel, charmant. Quelle idée géniale de nous le montrer sans doute sous son vrai jour.
Epizootiste, Arthur Martin vient d’une famille où il ne faut surtout parler de rien, des fois que les fantômes des grands-parents assassinés à Auschwitz réapparaissent. Comme dit Thomas Bernhard dans “Extinction” (précisément!), les parents d’Arthur Martin sont des “destructeurs de conversation”. Il ne faut parler que de choses matérielles, insignifiantes, dénuées d’affect : le portail, les appareils électroménagers, la technique… On aurait pu imaginer plus de délicatesse pour traiter du traumatisme des descendants de victimes de la Shoah, le repas aux mille maladresses de Bahia peut choquer, mais… Michel Leclerc ne fait pas vraiment dans la dentelle et il a décidé de rire de tout…
Le film pullule de trouvailles à la Woody Allen. Quand Arthur Martin imagine la rencontre de ses parents, il met en scène une jeune fille timide … et son père, tel qu’il est au moment du film : un homme vieillissant, cheveux gris et légère bedaine. Et il visualise le coup de foudre entre ces deux êtres dépareillés, ce qui donne une scène hilarante.
Du Woody Allen, il y a en a aussi dans les dialogues du héros avec l’ado qu’il fut, mal à l’aise, ne sachant comment se faire remarquer des filles, jusqu’à leur dire qu’il est un petit-fils de la Shoah, pour se rétracter aussitôt, devant l’intérêt manifesté par ses interlocutrices : on est dans les années 8O, c’était bien plus intéressant que maintenant.
C’est cela qui est si délicieux dans ce film. Des sujets très sérieux: l’obsession de l’identité, la question du Bien et du Mal transposée politiquement en dualité gauche/droite, la montée des fachos ( de droite, de gauche, juifs, noirs, arabes, il y en a pour tous les goûts selon Bahia Ben Mahmoud- dire Marrrmoud, surtout!), mais une horreur absolue du manichéisme. Et une incroyable ambiance de tendresse et d’amour de l’humanité.

Categories: Films
fabienne:

View Comments (2)

  • Merci de ton conseil : on est allés le voir hier soir, "à cause" de ton enthousiasme, et on s'est régalés, le Jicé et moi. Même si je dois dire que j'ai pu être un peu déçue par quelques maladresses (genre a-t-elle besoin d'être à poil tout le temps, dès le début du film, y compris au boulot, dans le métro, etc. ? non que ce soit choquant, mais ça n'apporte rien, au contraire).
    La mère de gauche est géniale (j'en ai très bien connu, des comme ça !) et qu'est-ce que l'actrice qui joue ce rôle est bonne !
    En sortant, j'ai décidé qu'il fallait que je me procure ce bouquin dont j'ai entendu parler cette semaine, sorti aux éditions Saint-Simon, "Eloge de l'optimisme".

  • Et tu pourras me le prêter après, car je te suis à fond sur la nécessité de l'optimisme pour faire avancer les choses. Mais attention, ce n'est pas du tout dans l'air du temps et ça ne risque pas de percer : nous sommes peut-être bien dans l'air du dénigrement-roi et être optimiste est affreusement ringard!