Notice: Function _load_textdomain_just_in_time was called incorrectly. Translation loading for the subscribe2 domain was triggered too early. This is usually an indicator for some code in the plugin or theme running too early. Translations should be loaded at the init action or later. Please see Debugging in WordPress for more information. (This message was added in version 6.7.0.) in /home/rxlfunn/wp-includes/functions.php on line 6114
La Nuit du chasseur, de Charles Laughton | Fabienne Grünfeld Clairambault
X

La Nuit du chasseur, de Charles Laughton

J’ai vu ce film six ou sept fois et la fascination qu’il exerce sur moi reste la même. Ces deux enfants que le Mal traque impitoyablement, sous la figure démoniaque de Robert Mitchum, faux pasteur et vrai Landru, me bouleversent. Peut-être parce que je l’ai vu pour la première fois alors que mes deux aînés avaient l’âge des petits héros et que la détermination du garçonnet, son sérieux me rappelaient mon fils. Sans doute aussi parce que j’ai toujours craint qu’un destin tragique s’abatte sur mes enfants, alors que je ne pourrai les protéger, qu’ils seraient livrés à eux-mêmes : peur venue du fond des âges, effroyable perspective qu’une mère ne peut même pas formuler consciemment…

J’aime cette histoire d’ogre, de femme aveuglée par l’amour, que son manque d’intuition perdra. J’aime cette fidélité absolue de la parole donnée à un père qui va disparaître, fidélité qu’aucune menace ne fera vaciller.

La barque dérive au fil de l’eau dans la nuit protectrice, sous le regard bienveillant des animaux de la Création, dans une nature habitée et mystérieuse : les enfants dorment enfin. Paix menacée que rend un noir et blanc somptueux.

Et puis il y a cette vieille dame, Lilian Gish, extraordinaire portrait de “juste”, qui couve ses orphelins, “vêtue de probité candide et de lin blanc”, à qui on ne la fait pas, qui ne cédera jamais devant le mal. Elle riposte avec les armes de l’esprit plus encore qu’avec son fusil, dérisoire pétoire à laquelle on ne croit guère. Elle chante le cantique Leaning on the Everlasting Arm, celui-là même que le faux pasteur entonne pour séduire et terroriser, mais dont il oublie les paroles. Elle chante de sa voix grêle et rien ne saurait la détruire. Les scènes où elle apparaît sont habitées d’une spiritualité intense, palpable. L’équivalent visuel, pour moi, des plus belles cantates sacrées de Bach.

Je peux le revoir encore et encore, j’aurai peur et je serai émue aux larmes et je bénirai Lilian Gish …et Charles Laughton, dont ce sera l’unique film: l’échec commercial ne lui permettra pas d’en tourner d’autres.

Categories: Films
fabienne:

View Comments (1)

  • Ton article m'a donné envie de regarder ce film surtout pour les émotions qui peuvent surgir en moi.
    Mais comme tu décris des émotions personnelles je pense ressentir autre chose ... Que je ne manquerais pas de te faire savoir !

    Ps : Géniale ta photo du blog ! Ça embellit et enchante drôlement ton blog !

    Marie