J’aime cette histoire d’ogre, de femme aveuglée par l’amour, que son manque d’intuition perdra. J’aime cette fidélité absolue de la parole donnée à un père qui va disparaître, fidélité qu’aucune menace ne fera vaciller.
Et puis il y a cette vieille dame, Lilian Gish, extraordinaire portrait de “juste”, qui couve ses orphelins, “vêtue de probité candide et de lin blanc”, à qui on ne la fait pas, qui ne cédera jamais devant le mal. Elle riposte avec les armes de l’esprit plus encore qu’avec son fusil, dérisoire pétoire à laquelle on ne croit guère. Elle chante le cantique Leaning on the Everlasting Arm, celui-là même que le faux pasteur entonne pour séduire et terroriser, mais dont il oublie les paroles. Elle chante de sa voix grêle et rien ne saurait la détruire. Les scènes où elle apparaît sont habitées d’une spiritualité intense, palpable. L’équivalent visuel, pour moi, des plus belles cantates sacrées de Bach.
Je peux le revoir encore et encore, j’aurai peur et je serai émue aux larmes et je bénirai Lilian Gish …et Charles Laughton, dont ce sera l’unique film: l’échec commercial ne lui permettra pas d’en tourner d’autres.
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Ton article m'a donné envie de regarder ce film surtout pour les émotions qui peuvent surgir en moi.
Mais comme tu décris des émotions personnelles je pense ressentir autre chose ... Que je ne manquerais pas de te faire savoir !
Ps : Géniale ta photo du blog ! Ça embellit et enchante drôlement ton blog !
Marie