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La Couleur des sentiments, de Tate Taylor | Fabienne Grünfeld Clairambault
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La Couleur des sentiments, de Tate Taylor

 

Les critiques ont tort de bouder leur plaisir. OK, voici un film pétri de bons sentiments, caricatural, mais bon… Un vrai film familial comme on n’en fait plus tellement. Quand les lumières se sont rallumées dans la salle, les mines étaient réjouies, même si quelques âmes sensibles essuyaient encore des larmes…

Adapté d’un roman à succès sorti chez les libraires en 2009, La Couleur des sentiments n’est pas sans rappeler deux mélodrames très populaires comme Hollywood se plaisait à en produire dans les années 1980 et 1990. De ces deux films, La Couleur pourpre de Steven Spielberg (1985) et Beignet de tomates vertes de Jon Avnet (1993), Tate Taylor s’est permis de garder les ingrédients déterminants : la question raciale dans un Mississippi encore marqué par les traditions esclavagistes pour le premier, la rébellion d’une femme blanche face à l’archaïsme des mœurs de ses concitoyens pour le second. La polémique qui a éclaté autour du film aux Etats-Unis tenait au ton ressenti comme condescendant et donc légèrement raciste employé pour dépeindre une révolte sociale à laquelle Martin Luther King et la marche sur Washington avaient donné tout de même un autre poids. Certes, Octavia Spencer, dans le rôle de Minny Jackson, une des “meneuses” noires, évoque plus la Mama d’Hattie McDaniel dans “Autant en emporte le vent” qu’une figure à la Angela Davis. Oui, et alors. Il y eut un film bouleversant sur un militant noir assassiné par le Klu Klux Klan, Medgar Evers, film réalisé par Rob Reiner, sorti en 1996… et totalement oublié aujourd’hui.

“La Couleur des sentiments” a le mérite d’attirer les foules, à défaut d’être encensé par la critique. L’erreur serait de chercher un film militant là où il n’y a qu’un récit poignant, “bien écrit, avec des images et du son”, comme disait Robert Bresson à propos du cinéma, un récit qui provoque émotion et dégoût devant les agissements odieux de Blancs stupides. Le sujet est grave puisqu’il traite du mépris des puissants et de l’humiliation des faibles, mais est-ce un crime de montrer une révolte tranquille, une solidarité toute féminine qui s’y épanouit, une douceur d’un autre âge? Disons-le, les hommes sont les grands absents du film. Et ça fait du bien.

Et puis, la bande son est épatante:Bob Dylan (“Don’t Think Twice, it’s Allright”), Chubby Checker (“Let’s Twist Again”), Ray Charles (“Hallelujah I Love Her So”) et, bonheur complet, Johnny Cash et June Carter dans “Jackson”, nom de la ville où se déroule l’action, bien sûr. Plus tous les chanteurs que je n’ai pas reconnus et qui m’ont … enchantée.

Un spectacle complet, images superbes, musiques géniales, sentiments nobles, casting impeccable. J’y allais pour ma fille de douze ans, je n’ai pas boudé mon plaisir…

 

Categories: Films
fabienne:

View Comments (2)

  • J'avais bien envie de le lire, ce bouquin... si j'arrive à épuiser ma pile en retard, je l'ai encore dans mes tablettes-projets. T'as remarqué ? Les deux films dont tu parles causent aussi de couleurs (pourpre, vertes...)

    • Oui, ça m'a frappée aussi. Je suis sûre que c'est en rapport (conscient ou inconscient?) avec le terme "colored people".