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Fair Game, de Doug Liman | Fabienne Grünfeld Clairambault
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Fair Game, de Doug Liman

Naomi Watts a une classe extraordinaire. Son personnage, Valérie Plame, est l’énergie faite femme. Elle marche, aussi rapide qu’élégante, sur fond de tours photogéniques à Kuala Lumpur, à Amman, au Caire…
Elle affronte un très méchant dans un huis clos tendu en voiture.
Voilà, Naomi Watts est une superwoman pas trouillarde : ça vaut mieux, elle est agent secret.

Elle a aussi une vie de famille. Là, c’est moins drôle. Ses enfants sont adorables, son mari hyperdisponible et il a l’air toujours amoureux. Quel ennui !

Le problème pour elle et pour nous est qu’elle va devoir abandonner ses activités super-glamour à l’ombre des mosquées, dans la touffeur orientale, pour promener ses enfants au jardin public, dans un froid glacial. Et que dès lors, c’est son mari qui va jouer les héros, après l’avoir mise dans un sacré pétrin. Au nom, bien sûr, du respect et du combat pour la vérité. En l’occurrence, et il le clame ad nauseam : il n’y a pas de trafic d’uranium entre le Niger et l’Irak.

Moi, j’aime mieux voir Naomi Watts que Sean Penn, qui est aussi politiquement correctement formidable dans la vie que dans ses films. Le mec qui vous fait toujours honte d’être ce que vous êtes. Alors, je me suis un peu ennuyée dans la deuxième partie du film.

Heureusement, la narration est parfois d’une belle sobriété : Joe Wilson, le mari, arrive au Niger, à la recherche d’un éventuel trafic d’uranium vers l’Irak. On y est : la chaleur, la poussière, la misère, sans effet tire-larmes. Il est épuisé, il ouvre le robinet de la salle de bains: un jus brunâtre s’écoule, c’est tout. Le découragement nous étreint aussi.

A la fin, un fondu-enchaîné nous fait passer de l’actrice à la vraie madame Plame, lestant le film d’un poids de vérité qui lui donne, c’est vrai, une autre dimension. On a quand même un peu somnolé.

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